Interview avec Sôsuke Tôka, le créateur du manga Ranking of Kings

par Lynzee Loveridge,
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L'histoire du manga Ranking of Kings, qui a récemment été adaptée en anime, a ravi le cœur des fans aux quatre coins du monde. Notre équipe a eu la chance de s'entretenir avec son créateur, Sôsuke Tôka : une chance de revenir sur les origines de cet ouvrage ; mais également la possibilité de discuter du parcours, plutôt atypique, de l'artiste.


Gauche : Visuel clef de l'anime © SousukeTOKA,KADOKAWA/Ranking of Kings animation film partners
Droite : couverture du manga Ranking of Kings de Sôsuke Tôka

Après quelques recherches pour cette interview, j'ai découvert que Ranking of Kings était votre premier manga et que vous aviez fait vos débuts dans le milieu à l'âge de 41 ans. Pouvez-vous nous parlez de votre parcours, qui a commencé en tant qu'illustrateur pour livres ; et s'est poursuivi avec un poste d'employé de bureau, avant de devenir mangaka ? Avez-vous eu quelques inquiétudes à délaisser votre ancien emploi, plus sécurisé, pour la voie d'artiste ?

Je ne suis pas un illustrateur de livres. J'ai proposé une illustration à l'occasion d'un concours et j'ai reçu un prix. Mais, après cela, je n'ai eu aucune attention particulière et n'ai pas eu de travail dans ce milieu.

J'ai été réticent à l'idée de quitter mon travail à l'âge de 41 ans. Toutefois, il est vrai que je mène une vie sans contrainte – étant célibataire je n'ai personne sur qui veiller. En plus, j'ai toujours été indécis quant à ce que je voulais faire et je n'appréciais pas la vie que je menais. Inévitablement, tôt ou tard, j'allait devenir un auteur de mangas.

Cela va paraître un peu malhabile mais, j'ai expliqué mon parcours dans mon essai, format manga, Datsu Sara 41-sai no Mangaka Saichôsen Ôsama Ranking ga Bazuru Made. J'y détaille mon parcours pour les autres aspirants mangaka.

Je pense que Bojji a attiré l'attention car il est un héros qui est également sourd. Les personnages souffrant de handicap sont rarement au centre des séries de fantasy. Y a-t-il eu des expériences qui vous ont mené à créer ce genre de personnage ? Avez-vous conduit des recherches ou demander de l'aide à un consultant pour proposer une représentation fidèle d'un personnage sourd ?

Le fait que Bojji soit sourd attire souvent l'attention, mais, en toute honnêteté, ce n'est qu'un détail extra. Ce n'est pas le thème que je cherchais à développer au sein de ce manga. Vous en découvrirez la raison dans un prochain épisode de l'anime, au travers des mots de Despa, le maître de Bojji.

Un autre aspect intéressant du manga repose sur les symboliques qu'il emprunte aux contes traditionnels – la méchante belle-mère, le miroir magique – et la manière dont il surprend les lecteurs avec des dénouements inattendus qui ne répondent pas aux stéréotypes des personnages, environnement, et intrigue des contes. Comment avez-vous décidé des éléments à conserver et de ceux à réinterpréter ?

Je suis quelqu'un avec un cœur sensible ; j'aime donc les histoires qui se terminent bien. J'aime rendre les gens heureux, si c'est en mon pouvoir. Mais ça, ce n'est pas possible pour les méchants. C'est aussi simple que cela.

Certains contes ou histoires de fantasy vous ont-ils affecté lors de votre enfance ?

Beaucoup, mais le préféré de mon enfance est L'histoire sans fin.

Lorsque Bojji est présenté, on découvre que les autres personnages le considèrent comme « faible » car il n'est physiquement pas fort ; et pour cette raison ils pensent qu'il ne deviendra pas un bon roi. D'après-vous, qu'est ce qui rend un leader « fort » ou, au contraire, faible ?

Il est difficile de dire ce qui fait qu'un roi est « fort ». C'est compliqué parce que cela touche à la politique. Cependant, j'espère qu'à travers mon manga, je pourrais donner de la valeur à la notion de bonté et de justice, d'une manière qui correspond aux mangas shônen.

Bien que Ranking of Kings se déroule dans un « monde de fantasy », on y retrouve des problèmes bien familiers de notre univers, avec notamment la perception qu'on les autres de Bojji en raison de sa surdité. Aimeriez-vous que votre manga change la perception des lecteurs quant aux personnes en situation de handicap ?

Si je suis moi aussi malentendant, ce handicap reste très léger ; et je ne peux pas dire que je comprends leur souffrance. Mais j'espère que plus de gens seront sensibilisés aux handicaps et plus ouverts d'esprit. Je suis convaincu que le développement des technologies va améliorer le futur.

Kage est également un personnage très attachant. Quelle a été votre inspiration pour créer ce personnage en forme de flaque, avec une bouche en pince ?

Ce personnage était initialement dans le livre d'images. Sa forme était très différente de celle qu'il a aujourd'hui. Lorsque je l'ai fait arriver dans le manga, il avait ce dernier design.

Quand certaines personnes parlent de son design, ils mentionnent Pride de Fullmetal Alchemist. J'aime moi aussi beaucoup le manga, mais je ne me suis rendu compte de cette ressemblance que lorsqu'elle a été pointée du doigt. Une influence inconsciente. En réalité, je me suis inspiré de Backbeard de Gegege no Kitarô pour Kage.

Est-ce que Ranking of Kings est inspiré de la fantasy occidentale ? Certains éléments de l'histoire sont-ils, pensez-vous, tirés de la culture japonaise dans laquelle vous avez grandi ?

La culture japonaise a eu une très forte influence sur moi. Sans les mangas et les anime, Ranking of Kings n'aurait jamais vu le jour. Je suis convaincu que les mangas japonais, les jeux vidéo, et les personnages peuvent contribuer à la paix dans le monde.

Avez-vous contribué, de quelque sorte que ce soit, à l'histoire de l'anime ou à ses designs ? Avez-vous été exigeant quant à certains aspects en particulier ?

Non, je n'ai pas participé à l'anime. Je suis simplement reconnaissant envers l'équipe de production de proposer une si belle adaptation.

Dans une interview de 2018, vous confiiez que vous parents ignoraient que vous étiez un mangaka. Avec cette adaptation en anime, je me demande s'ils ont aujourd'hui eu vent de votre nouvelle carrière ?

Mes parents ne savent rien de tout ça. Ils pensent toujours que je suis un employé de bureau. Ils sont de la vieille école, du genre conservateurs ; et n'ont aucune compréhension de l'industrie – ils ne voient pas le manga comme une carrière. J'ai peur qu'ils s'inquiètent pour moi s'ils découvrent que je vis en dessinant des mangas, je garde donc tout ceci secret.


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