Le guide des anime de l'automne 2019
Babylon

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Babylon ?
Note de la communauté : 3.8



Qu'est-ce que c'est ?

Tout le monde sait que la vie est belle. Mais que se passerait-il si un jour cela s'avérait faux ? L'histoire suit Zen Seizaki du bureaux des procureurs publics de Tokyo alors qu'il mène l'enquête autour d'un scandale impliquant une entreprise pharmaceutique. Babylon est diffusé le dimanche sur Amazon Prime.

 


Comment était le premier épisode ?

Pa Ming Chiu

Note :

Zen Seisaki est un procureur du district de Tokyo, idéaliste et aguerri, qui travaille actuellement sur des fraudes dans le domaine des recherches cliniques et des sociétés pharmaceutiques.
Lors d'une enquête sur un suicide des plus inhabituels dans la forme (mais personne n'est dupe, ça sent l'assassinat à plein nez), il met le nez dans une sombre conspiration qui pourrait perturber les élections dans une récente extension de Tokyo et avoir de graves répercussions politiques.

On a un peu du mal à rentrer dans ce thriller mettant en scène essentiellement des bonhommes en costume-cravate qui discutent, surtout que les personnages sont très insuffisamment présentés, caractérisés et exposés. Aura-t-on le temps de s'y attacher plus tard ? Rien n'est moins sûr… Et l'opening qui se la joue générique de Luther ou la scène de découverte sordide d'un cadavre qui rappelle Seven n'appellent pas forcément à des comparaisons en la faveur de Babylon.
Bien que distillant peu à peu des mystères, le récit ne décolle vraiment que vers la fin de l'épisode. L'espoir que cela devienne plus passionnant par la suite est toutefois toujours permis vu cette mystérieuse et inattendue conclusion. D'autant que Babylon est l'adaptation d'un roman à succès de Mado Nozaki (auteur aussi de Seikaisuru Kado qui démontrait déjà un certain goût de l'auteur pour les fonctionnaires de police en costard) qui compte trois tomes aux éditions Kodansha. Ce n'est certes pas un gage de qualité, mais d'un autre côté, on peut aussi considérer que bien souvent, il n'y a pas de fumée sans feu.

Sur le plan technique, rien de très flamboyant à signaler mais on est dans les clous des productions actuelles. La colorimétrie est en accord avec l'ambiance froide et sérieuse, le chara design est agréable (bien qu'un peu trop orienté bishônen pour être original), la direction photo est réussie et l'animation correcte. Personne dans le studio n'ayant visiblement envie de dessiner des voitures, on a un peu de 3D moche et mal intégrée mais rien de traumatisant non plus. Quant à la mise en scène, elle est tout juste fonctionnelle et ses tentatives excessives de sursauts, comme la scène où une révélation téléphonique fait faire un travelling rotatif façon Michael Bay autour du héros, tombent du coup comme un cheveu sur la soupe.

Malgré tout, le ton bien seinen et le rebondissement final donnent quand même envie de laisser une chance au reste de la série. A voir si celle-ci nous donnera raison.


Bruno De La Cruz

Note :

C'est ma grosse surprise de la saison. Vraiment. Forcément, si l'on parle de surprise, c'est que les attentes étaient modérées et pourtant on parle d'un projet basé sur l'un des scénaristes contemporains les plus intéressants, Nozaki Mado. On parle même d'un écrivain. On l'avait découvert - en France, et par les suiveurs d'animation - avec l'excellent Seikai Suru Kado (baptisé Kado the right answer) dans lequel l'humanité se voit offrir le plus grand des cadeau (une source d'énergie quasi infini) sans être capable de s'organiser. L'anime est d'ailleurs toujours disponible sur Crunchyroll. Vraiment très intéressant.

Le monde de l'animation propose au final assez peu de programmes pour adultes. Et quand on utilise le terme “adulte” cela ne sous-entend pas uniquement violence et insulte. Non, ici, l'intrigue policière parle de corruption politique, de pot-de-vin, de suicide, de prostitution… On est donc sur un vrai terrain adulte.

C'est au jeune studio Revoroot que l'on doit ce projet. Petit rappel des faits : la structure Revoroot a vu le jour au cours de l'année 2014-15 mais a vraiment lancé son activité en 2017. Elle est un fruit du pacte TwinEngin. Pour faire court, TwinEngin est un programme mené par plusieurs producteurs de renom (tel Koji Yamamoto, présent ici et concerné sur Dororo, Vinland Saga...) afin de créer de petites structures capables d'aider - dans de bonnes conditions - les studios concernés par de gros boulots. Ainsi, des maisons comme Geno Studio et surtout Lay-Duce (à laquelle est très fortement rattaché Revoroot) sont concernés par le pacte. Résultat, Revoroot a participé à de jolis projets comme studio principal avec FLCL 2 mais aussi Kokkoku (chez Geno Studio). On retrouve également une flopée de coups de main à la sous-traitance.

Cela étant dit, Babylon est vraiment remarquable en matière de réalisation pure : on sent la tension, on sent le poids des mots, le jeu d'acteur est bon, pas caricatural, ça ne rigole pas. On est assez bien immergé dans cette ambiance malsaine où des enquêteurs mettent le doigt là sur ce qu'il ne faut pas. Si l'anime n'avance pas une animation de dingue, elle n'est pas fainéante non plus : il y a des efforts de fait. Mais l'essentiel réside dans le story-board quand vous proposez une telle série. Et à ce petit jeu, je vous propose fortement d'aller jusqu'au 2e épisode, avec une magnifique scène dans laquelle une suspecte est interrogée. Celle-ci, accusée d'avoir couché avec des hommes politiques pour favoriser les élections à venir, va s'amuser avec notre inspecteur en mimant une fellation. Evidemment, dit comme ça cela paraît très sale, mais la mise en scène est excellente car le jeu de la femme (ses propos) s'accorde à ce qu'on voit à l'écran. Il y a de l'idée, et c'est là le plus intéressant. De toute façon, tout l'épisode 2 est excellent. On peut dire que Suzuki Kiyotaka, le réalisateur, s'était rapproché du registre en menant Psycho-Pass 2, mais on l'avait vu auparavant sur FLCL 2 et en tant qu'assistant sur Yozakura Quartet.

Quand l'histoire est solide - cela semble bien écrit, avec une bonne surprise à la fin de chaque épisode - et que la réalisation parvient à transposer l'enjeux de ce récit, on a une mission accomplie. L'ambiance nocturne cache un peu les choses, mais je n'y vois pas un pitoyable moyen de mettre les miettes sous le tapis sinon de respecter l'ambiance de cette histoire où moins en sait, mieux c'est...


Damien Hilaire

Note :

Zen est procureur dans le jeune district de Shiniki. Ce matin avec ses collègues il a perquisitionné une grosse boite pharmaceutique potentiellement véreuse. L'Agras, leur nouveau médicament mis en vente, a clairement eu des résultat falsifiés par les universités l'ayant testé. Embarquant tout le matériel informatique, les téléphones, dossiers, relevés et fichiers administratif, Zen s'en retourne à son bureau.
Voilà une bien banale affaire de corruption dans la vie ordinaire d'un procureur général. Son ami et camarade Atsuhiko voudrait vivre quelque chose de plus trépidant. Éplucher des relevés de comptes n'a clairement rien de passionnant. C'est pourtant bien avec cette activité laborieuse que tous deux tombent sur une feuille cachée parmi les dossiers, sinistre, maculée de peau, de sang et d'ongles, noyant une lettre écrite des milliers de fois jusqu'à noircir la page : F.
La piste mène à Shin Inaba, un anesthésiste qui pourrait être lié à l'affaire de corruption de Japan Supiri mais rien n'est encore sûr. En cherchant à le rencontrer sur son lieu de travail, ils découvrent son absence. Ils se décident à aller voir chez lui mais trouvent porte close tandis qu'une musique assourdissante semble provenir de l'intérieur. En entrant dans l'appartement, les deux enquêteurs font une macabre découverte : Shin est mort et gît dans son fauteuil, le sourire aux lèvres. Zen et Atsuhiko le sentent, quelque chose de louche et de sordide se trame.

Cela faisait longtemps que nous n'avions pas eu de série policière aussi poisseuse. Babylon est viscérale, l'histoire est haletante, cela intrigue, c'est réalisé avec soin, crédible et réaliste, tout est fait pour qu'on adhère à cette enquête qui sort petit à petit de l'ordinaire.
Mais pourquoi est-ce si bien ? La série est la première réalisation du jeune studio Revoroot, aka une des nouvelles structures nées de Twin Engine (mais si, souvenez-vous, l'intro avec les motards qu'on voit passer depuis un moment sur certaines productions), avec à la réalisation Kiyotaka Suzuki, réalisateur d'Infini T Force et surtout de FLCL Alternative. Si ces productions étaient sympathiques, aucune n'atteint la force de Babylon. L'explication vient d'ailleurs. En réalité si la série est si prenante c'est parce qu'il s'agit de l'adaptation du roman de Mado Nozaki, le scénariste de KADO The Right Answer, une série de s.-f. assez dingue sortie il y a quelques années et n'ayant pas eu le succès qu'elle méritait.
On retrouve dans Babylon une ambiance et un ton assez similaire, de même que son setting policier, quoi qu'ici bien plus accentué. La série est très efficace dans sa réalisation qui n'a pourtant rien de folle, les décors sont propres, les personnages ont des traits assez simples, mais la mise en scène, le cadrage et le son sont suffisamment travaillés pour immerger le spectateur. C'est prenant et clairement si la suite est au même niveau que l'épisode un (qui est riche en rebondissements), Babylon sera l'anime de la saison à ne pas rater.


EmmaNouba

Note :

En voilà de la belle série ! Babylon est l'adaptation de la série de romans de Mado Nozaki. Elle est entre de bonnes mains puisque réalisée par Kiyotaka Suzuki (à qui l'on doit notamment quelques épisodes de l'excellent SoulTaker, le film FLCL Alternative ou encore la série Infini-T Force). Le chara-design a été confié à Keisuke Goto, qui s'est fait notamment la patte sur The Big O ou FullMetal Alchemist. A cette équipe de choc, on peut ajouter le studio Revoroot, un jeune studio dont Bac Films sortira le long métrage Tenki no Ko en janvier prochain dans les salles françaises. Avec Babylon, Amazon Prime Video met tout de suite la barre haute non seulement en termes visuels mais aussi côté narratif. Dès le premier épisode, on est accroché et on se laisse captiver avec un immense plaisir. Entre polar et suspens, ces douze épisodes s'annoncent extrêmement bien. Dès l'introduction, tout est nickel. Le générique est efficace et court.

Le procureur Zen Seizaki, son assistant Fumio et une puissante troupe d'enquêteurs débarquent avec la subtilité d'un éléphant dans un magasin de porcelaine dans une puissante société pharmaceutique. Et c'est parti pour une perquisition en bonne et due forme. Le labo a violé la loi pharmaceutique et cela ne rigole pas.
Avec cet opening découpé comme un film de gangsters, l'efficacité est garantie. Chaud devant le parquet de Tokyo est dans la place et il ne fait pas bon faire de la publicité mensongère pour un remède, d'autant que la société, Japan Supiri, a fait pression sur des universités pour mettre en avant son médicament l'Agras.

Cette histoire de pots de vins n'est que la partie immergée de l'iceberg. On suit les rapports entre le procureur, un bourreau de travail, et Fumio, plus frivole, moins carré et très attachant par la fougue de sa jeunesse. Et c'est là où l'on se fait piéger rapidement, on s'attache… Dans les tonnes de dossiers qu'ils examinent ils découvrent une page totalement ensanglantée avec des inscriptions à la Shining, des suites de F, comme écrit par une main folle. Et voici, nos héros partis sur la piste du professeur Shin Inaba, l'un des pontes embringués dans cette sale affaire. Avec Babylon, rien n'est jamais comme on pouvait le penser. Un cadavre arrive rapidement et d'une affaire de chantage, on passe à une enquête criminelle. La découverte du professeur et la manière dont ce chercheur est mort ne pas bien loin de celles imaginées dans les polars à la Millenium, bien glauque et totalement incongrue. Entre alors en scène l'indispensable flic, sorte de côté pile d'une même pièce que celle du procureur. On sent que ces deux-là, s'ils ne sont pas potes, ont la même hargne et la même soif de vérité.
Aller plus loin dans le récit serait un crime ! A cette enquête au senteur pharmaceutique va rapidement s'ajouter un versant politique car bientôt arrivent les élections municipales, un fort moment de tensions. Espérons que nos héros arriveront à s'en sortir sans dommage, ce qui semble extrêmement mal barré, ça s'est sûr à 100%.


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