Le Guide des anime de l'hiver 2019
The Promised Neverland

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The Promised Neverland ?
Note de la communauté : 4.6



Qu'est-ce que c'est ?

Emma, Norman et Ray coulent des jours heureux à l'orphelinat Grace Field House. Entourés de leurs petits frères et soeurs, ils s'épanouissent sous l'attention pleine de tendresse de « Maman », qu'ils considèrent comme leur véritable mère. Mais tout bascule le soir où ils découvrent l'abominable réalité qui se cache derrière la façade de leur vie paisible ! Ils doivent s'échapper, c'est une question de vie ou de mort ! The Promised Neverland est adapté d'un manga et est diffusé sur Wakanim les mercredis à 16 h 30.

Comment était le premier épisode ?

EmmaNouba

Note :

Si The Promised Neverland, le manga écrit par le très mystérieux scénariste Kaiu Shirai et la dessinatrice Posuka Demizu, est un carton au Japon, l'adaptation en anime était attendue au tournant. On ne peut que saluer le résultat : cette série est un petit chef d'œuvre ! Non seulement, le graphisme reste très proche de l'œuvre originelle, mais on est happé par le suspens et la tension. Il faut souligner que la série n'a pas été confiée à n'importe qui : le script est passé dans les pattes de Toshiya Ono qui a notamment travaillé sur Blue Exorcist: Kyoto Saga, la direction artistique est assurée par l'immense Shigemi Ikeda (Planètes, One Punch Man, Gantz, etc.), et la réalisation menée par Mamoru Kanbe (une pointure de l'animation nipponne, à qui l'on doit notamment le formidable segment Robonimal Panda-Z dans The Robonimation). Le passage du manga à l'anime, grâce à cette équipe de maestros, est une vraie réussite, aussi beau pour les yeux qu'atroce pour les nerfs.

Dans ce premier épisode, on découvre un univers tout en douceur, où des enfants de tous âges grandissent insouciants au contact de la nature. Dans cette maison accueillante, ils sont choyés par leur « maman », une femme en uniforme, au regard tendre qui veille à leur bien-être. On découvre pendant une bonne partie de l'épisode leurs jeux, l'amour qui lie la trentaine d'enfants entre 6 et 12 ans. Parmi eux, trois pré-ados, Emma, Ray et Norman, se détachent du lot par leur intelligence hors du commun. En effet, outre le côté vie à la campagne, on découvre rapidement que les enfants ont droit à des tests d'intelligence. Si le monde paraît assez rustre, on est tout de même dans un univers futuriste et les seuls éléments électroniques sont les « bureaux » des enfants.

Malgré une ambiance joyeuse et tendre, on perçoit rapidement que quelque chose est étrange dans ce monde clos. Dans un premier temps, on pourra penser à un élevage de clones comme le roman Never let me go ou le film The Island. Habillés tous en blanc, ils sont tous en bonne santé et la « maman » les surveille avec une attention quelque peu angoissante. Le déroulé de l'épisode glisse tranquillement entre des décors de forêt magnifiques, ces enfants adorables imaginant leurs vies après leur adoption. Le récit se concentre sur une petite fille toute mignonne. Dès le début, on remarque sur un calendrier une date entourée avec son prénom. Pour tous, c'est le grand jour pour Conny, elle va rejoindre une famille. Et là, paf ! On passe du tout doux, tout sucré, tout mignon, à l'atrocité, en un plan. Même si depuis le début, on se doutait qu'il y avait un loup, l'image saisit et d'un coup on se retrouve à la place des deux enfants qui ont bravé l'interdit et découvert l'innommable. C'est alors que débute vraiment The Promised Neverland ou les préparatifs secrets d'une grande évasion. Mais avant de passer à l'action, Emma, Norman et Ray doivent continuer comme si de rien n'était. Maman est désormais l'ennemie, il faut qu'ils continuent à sourire. The Promised Neverland est une série glaçante, fascinante doublée d'une vraie claque visuelle.


Mékolaï

Note :

Que ce soit dans Ken le survivant, Tiger Mask ou G.T.O., les « pauvres petits orphelins » servent systématiquement de pression émotionnelle pour exalter la violence ou l'opiniâtreté du héros en justifiant son combat par leur survie. Dans la pop culture nippone en général, l'orphelinat c'est l'usine lacrymale, le creuset servant à forger le cœur du héros, en faisant chialer tout le monde avec un peu de sordide, beaucoup de bagarres, et pas assez à manger.

Mais pour The Promised Neverland, Kaiu Shirai a choisi d'écrire l'histoire différemment. L'orphelinat est central : il est chaleureux, verdoyant, les gros câlins et les bons repas réchauffent l'âme et le ventre des bambins qui sourient à l'envie et courent en riant dans les couloirs comme des idiots. La directrice du centre est appelée tendrement « Maman » par une tripotée de marmots hyperactifs qui débordent de tendresse et d'attentions envers elle. Mais alors, pas de bagarres ? Pas de méchante Lavinia ? Pas de sévices, de brimades, de cachot au pain sec ? Allez quoi... C'est un orphelinat ou un centre aéré à la fin ? Non le seul soucis dans cet orphelinat, c'est quand ça se passe bien, à savoir quand un des gamins a trouvé une famille d'accueil et passe le « portail » du centre. Dès le premier épisode, c'est la petite Conny, six ans, qui y passe… au sens propre !

(A ce stade, on se demandait un peu si on était bien le public visé, le seuil de mièvrerie bucolique donnant un peu envie d'écraser des poussins vivants…)

En effet l'histoire démarre enfin lorsque s'interrompt celle de la regrettée Conny. Nous suivons à présent les inquiétudes et les actions de trois des 37 enfants présents, Emma, Ray et Norman, qui sont les seuls à avoir atteint la douzaine d'années sans avoir étés « adoptés ». Pourtant ce sont les plus intelligents, les plus sportifs et les plus brillants bambins du centre, et cela est vérifié et notifié chaque jour par une série de tests harassants qui les évaluent quotidiennement… Mais pour quoi faire ? Pourquoi sont ils enfermés dans cette forêt avec ce mur gigantesque ? Qu'y a-t-il vraiment dehors ? Et Bruno D.L.C. est-il vraiment vegan ?

Tous ces mystères ainsi qu'une atmosphère inquiétante apparaissent immédiatement au début de la série, avec une deus ex machina de malade, digne de L'Attaque des Titans qui aide à l'adopter dès le premier épisode… (La série, pas les mômes)

Et la réalisation envoie du bois ! L'animation de toute beauté enjolive le travail d'adaptation du character design du manga, dessiné à l'origine par Posuka Demizu. Une très belle adaptation, qui donne des p'tits frissons même si on connaît déjà l'histoire. Et on se surprend à s'attacher instantanément à ces gamins un petit peu condamnés quand même hein… Mais ne cherchez pas à en savoir plus ici et courrez vous connecter sur Wakanim pour voir par vous-mêmes ce qui cloche dans ce monde du « dehors »… Alerte addictivité !


Bruno de la Cruz

Note :

Il est désormais acquis que le succès d'un manga l'amènera à passer par la case TV. Dans l'industrie, le modus operandi pour adapter le papier à l'écran a bien changé, entre coups de cœur de producteur, rêve de réalisateur ou partenariat d'éditeur. Avec la réussite de The Promised Neverland, Aniplex ne pouvait pas passer à côté du projet, et profite d'une petite restructuration interne pour tenir une qualité de louable sur plusieurs projets à la fois.

Mes collègues ont sûrement dû vous parler en long et large de ce que raconte la série, alors prenons le temps d'expliquer la démarche de l'équipe en charge de l'anime (vous prendrez l'habitude, si ces lignes vous intéressent). Premièrement, on peut dire que l'œuvre ne demande pas une ressource folle, dans son premier tiers du moins, pour être portée à la TV. A contrario, elle nécessite le soutien d'un story-board aux reins solides. Quoi de plus normal pour une série qui repose sur le suspens, la tension, l'atmosphère. Ainsi, c'est Mamoru Kanbe (Elfen Lied) qui a été choisi pour mener cette mission. Régulièrement dans les petits papiers d'A-1 Pictures, ce réalisateur est un vrai story-boarder. Son amour pour le hors-champ, les plans perdus et un cadrage claustrophobique, il sait faire quand il s'en donne les moyens. Pour vous en convaincre, je vous invite à revoir l'épisode 2 de The Perfect Insider (et notamment la scène dans la voiture). Personnellement, je ne doute pas une seconde du talent du bonhomme pour faire briller le 1er épisode vitrine, et il le prouve ici avec la scène du camion absolument remarquable.

Mamoru Kanbe oublie le fisheye de Demizu Posuka pour nous plaquer longtemps au sol aux côtés de Norman et Emma. Une séquence remarquable. Pour autant, il faudra jauger la production sur sa régularité, et on espère que l'ingéniosité du réalisateur sera renouvelée, même lorsqu'il délègue.

En revanche, l'excellente surprise vient de l'acting, qui n'hésite pas à bousculer le trait de la géniale dessinatrice Demizu Posuka après l'avoir parfaitement respecté (et ce n'est pas un cadeau). Je n'en attendais pas grand-chose sur ce point-là, et les cuts livrés par le jeune animateur Ken/You Yamamoto (surnommé Saikou) sur cette scène du camion sont bluffants. Ce talent, vous l'avez peut-être vu sur Flip Flappers, FLCL ou Devilman Crybaby. D'ordinaire, il va dans la démesure, mais cette fois il rétracte son génie pour déformer les visages apeurés des orphelins.

En conclusion, le studio CloverWorks répond parfaitement à sa mission. Récemment renommée, cette ancienne maison n'était ni plus ni moins qu'un “hangar” d' A-1 Pictures, participant déjà à des séries comme Darlingfra. A-1 P a livré quatre séries en 2018, et un joli film (Seven Deadly Sins), prouvant sa faculté à courir plusieurs lièvres à la fois. En gardant en tête que The Promised Neverland n'est pas aussi gourmand que les Sins ou SAO, on est en droit d'espérer notre dose de tension chaque semaine.


Damien Hilaire

note :

Il fallait bien qu'un jour ou l'autre ça arrive, c'est désormais chose faite, le dernier gros hit du Weekly Shounen Jump qui retourne tout son lectorat comme une crêpe depuis plus de 5 ans a droit à son adaptation en anime. Le projet, très suivi vous vous en doutez, a été confié au studio CloverWorks, récemment sorti du giron d'A1-Pictures (mais travaillant toujours pour Aniplex). C'est ainsi que, sans surprise, The Promised Neverland se retrouve cet hiver dans la programmation de Wakanim.

Alors ! Que vaut donc « le nouveau Death Note » (sic) ? On pouvait avoir peur du rendu du chara-design, le trait de Posuka Demizu n'est clairement pas le plus anime-compatible. Et pourtant, si on perd bien évidemment en détails, le résultat est de plutôt bonne facture (sans atteindre le travail totalement ouf réalisé sur Dr. Stone dont on vient à peine de découvrir le chara-design). Nous suivons tranquillement nos 3 héros, Emma en tête, dans leur vie paisible à l'orphelinat de Grace Field, trois gamin de 11 ans faisant partie d'une très grande famille avec chacun un visage reconnaissable et tous choyé avec amour par une maman de substitution aussi tendre qu'elle peut être dure. Une mère quoi.

Et si ce lieu idyllique ne cachait pas en réalité une réalité différente ? Un monde bien plus hostile et dangereux qu'il n'y paraît ? C'est ce que vont découvrir par hasard Emma et Norman. À cet instant le titre change du tout au tout, fait un tour à 180° et nous installe dans une ambiance oppressante et bien glauque où la vie de nos héros ne tient qu'à un fil. Il faut survivre, fuir, apprendre à se défendre. Mais le temps est compté. Y arriveront-ils ? C'est à vous de le découvrir !

Cet épisode a une narration diablement efficace, à défaut d'avoir une animation impeccable. Parce que oui, ça n'est pas toujours beau et y a même quelques plans un peu moches mais tout cela est vite oublié face à une ambiance qui passe du chaud au froid au quart de tour. Il y a un joli travail sur les expressions faciales, la déformations des visages peuvent autant exprimer la joie que la terreur ou la colère. La série fait même quelques entorses à son matériel originel en étant fidèle, oui, à la case près, mais en ne se gênant pas pour amplifier les émotions exhalées par celle-ci en les faisant durer. Et là, bien évidemment, je pense à la scène du camion qui est clairement le point d'orgue tant émotionnel que visuel de cet épisode.

La mise en scène, le rythme, le mouvement de caméra et wow, cette background animation quand Emma avance vers le camion ! On est vraiment sur un cut impeccable en tout point. Surtout que ça ne s'arrête pas là, la scène nous happe, on est comme nos deux malheureux héros, cachés, la respiration coupée par l'ambiance lourde et pesante du moment. On a peur pour les personnages, ce qu'ils viennent de découvrir, ce qui les attend à partir de là. Pour eux c'est un véritable changement de paradigme qui s'opère et ils n'ont pas le temps de penser à ce qu'ils viennent de voir qu'ils doivent déjà réfléchir à comment se sortir vivant de ce guêpier.

En ça, la série est déjà une réussite car elle arrive à retranscrire le sentiment poisseux et dérangeant que procure le manga et c'était pas forcément gagné d'avance. Maintenant ce qu'on peut espérer pour la suite, c'est qu'on ait plus de moment fou comme la scène du camion et que les plans soient moins pauvres en terme de décors (parce que le réfectoire c'est quand même sacrément vide et mort comme pièce). Pour le reste on est dans quelque chose de plutôt bien foutu et y a pas grand-chose à changer. Même le rythme vis-à-vis du manga est timé comme il faut. Le seul point frustrant c'est que comme la série est prévue en 12 épisodes, on sait exactement à quel moment ça va s'arrêter et la frustration sera réelle. Mais vu comme c'est parti, la suite sera vite mise en chantier c'est une certitude.

Ce premier épisode n'est pas parfait loin de là. Mais il a le mérite d'être efficace ! Il installe très bien sa série et il donne envie de voir le suivant, c'est déjà pas mal !


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