Le guide des anime de l'hiver 2023 - The Legend of Heroes: Trails of Cold Steel - Northern War

Lavi est née à North Ambria, la région la plus pauvre du nord-ouest de Zemuria. Elle s'engage dans les Jaegers du Nord, les forces militaires les plus importantes du continent, pour protéger sa ville natale. Elle se démarque ainsi de son grand-père Vlad, qui était autrefois un héros, mais qui a trahi North Ambria. Son dévouement à sa cause lui vaut souvent d'enfreindre le règlement et, un jour, elle reçoit l'ordre de former un peloton avec Martin, Iseria et Talion pour une mission d'espionnage délicate à Erebonia. Elle doit recueillir des informations sur le "Héros Impérial", une mystérieuse menace pour North Ambria…

The Legend of Heroes: Trails of Cold Steel - Northern War est diffusé sur Crunchyroll le vendredi à 15 h 30.

EmmaNouba
Note :

Adaptation basée sur la saga Eiyuu Densetsu, des jeux vidéo RPG créés par Nihon Falcom, Legend of Heroes: Trails of Cold Steel - Northern War se glisse entre les volets 2 et 3. Destiné aux fans, l'anime peine à séduire les néophytes. Plonger dans cet univers sans avoir les codes n'est pas simple.
Dès le début, on comprend que la petite fille qui court vers un vieil homme dans un champ de blé est l'héroïne, mais cela reste mystérieux. Quand débute réellement l'épisode, la neige recouvre l'État indépendant d'Ambria du Nord, un bataillon de Jaegers du Nord (des mercenaires aguerris) sert d'escorte. En leur sein, Lavi, une jeune femme fraîchement engagée (serait-ce la petite fille vue dans l'introduction ?), subit les moqueries de ses comparses, Ivano et Tuck, deux lourdauds. Les dangers qu'ils vont croiser sont des monstres qui, une fois éliminés, se dissolvent en une myriade de poussières de lumière. Leur mission est simple : aller livrer des vivres aux civils de la capitale, Haliask. Sur le chemin, Lavi remarque des traces de tunnels creusés par des monstres, des dromes, qui se dirigent vers un village. En touchant les humains, ces monstres leur inoculent un poison mortel. Grâce à son initiative, le bourg est sauvé. C'est alors qu'ils sont attaqués par un plus gros monstre… un boss que la demoiselle va vaincre, bien entendu.

Il faut attendre les deux tiers de ce premier épisode pour avoir quelques éléments historiques permettant de plonger dans l'univers très singulier de ce monde. Une visite au mémorial s'impose. Une révolution a eu lieu 27 ans plus tôt. C'était une période de prospérité, jusqu'à ce qu'un immense pilier blanc dressé jusqu'au ciel n'apparaisse, entraînant la transformation en sel de tout être à sa proximité. Ceux qui furent épargnés n'eurent d'autre issue que de fuir, la vie put reprendre grâce à cette révolution portée par des héros, qui arrêtèrent les émeutes et révoltes. Ils furent les créateurs des Jaegers.
Les années sont passées et si les Héros sont toujours respectés, Rogan, un des meneurs de ces mercenaires, a bien l'intention de lancer sa propre révolution. Lavian Winslet, qui n'est autre que la petite fille d'un de ces héros légendaires connu pour avoir trahi la cause, sera-t-elle à ses côtés ?

Réalisé par Hidekazu Sato (Valérian et Laureline, en coproduction avec la France), The Legend of Heroes: Trails of Cold Steel - Northern War est produit par Tatsunoko Production (Gatchaman). Shōji Hara (11eyes) signe le chara-design original, retravaillé par Mina Ōsawa (Given). L'animation est soignée, très classique, mais sans grande originalité. On peut souligner le soin d'avoir pris comme BO les musiques des jeux, ce qu'apprécieront les amateurs. Ce premier épisode peine à intéresser, on manque de contexte et franchement, rien ne donne envie de poursuivre. Ni formidable, ni minable, cette nouvelle adaptation d'un jeu vidéo apportera sûrement des clés et des bons moments aux fans, les autres pourront passer à côté.

De toutes les petites astuces d'écriture dont regorge l'animation japonaise, une est particulièrement récurrente et non moins insupportable. Il s'agit de ces personnages, souvent des seconds couteaux, qui vont expliquer sans raison apparente le contexte diégétique à l'œuvre. C'est naturellement le cas de The Legend of Heroes: Trails of Cold Steel, adaptation du jeu vidéo éponyme sorti sur les PS3 et PS Vita japonaises en 2013. En France, le titre nous est parvenu début 2016.

Et que raconte donc cette adaptation, finalement ? C'est tout le paradoxe de cet épisode que de faire preuve d'une certaine densité narrative – du moins lorsqu'il s'agit d'énoncer aux spectateurs les fondations présentes et passées de leur univers – sans réelle clarté. Si l'on devait simplifier à l'extrême, on présenterait le récit comme particulièrement archétypal (pour ne pas dire caricatural), avec une énième histoire de guerre entre deux nations, chacune avec un héros emblématique forcément affublés de surnoms ridicules. Oui, je parle bien de toi, le « phénomène de l'aurore » ! Et malgré tous les efforts faits pour étoffer le contexte géopolitique à l'œuvre, il faut bien dire que ce n'est pas la partie la plus éloquente de ce Legend of Heroes. A tout prendre et non sans surprise, c'est peut-être l'aspect visuel qui confère à la série son relatif intérêt.

Une fois n'est pas coutume, un effort a été fait en matière de story-board, dans sa capacité à transmettre les temps forts de la direction artistique de l'anime. Le prologue en est un bon exemple, de même que certains cadres, bien que trop ponctuels : tous rappellent que le rythme n'est pas vraiment qu'une affaire de « rapidité » ou de « lenteur ». En matière de ressenti, un plan long peut tout à fait paraître plus court qu'un plan deux fois plus rapide du fait de sa composition et des détails qu'il offre au spectateur. C'est ce que propose, occasionnellement, cet anime avec plus de personnalité que la moyenne. Le chara-design de la série est à l'avenant. Sur la base des personnages créés par Shōji Hara, Mina Ôsawa a imaginé quelques personnages de caractère, à commencer bien sûr par la protagoniste Lavi. Son regard, en particulier, lui confère une âme que n'ont pas les trois quarts de ses collègues de l'industrie.

Pour l'heure donc, The Legend of Heroes souffle le chaud et le froid et il est difficile de prévoir quelles pistes seront explorées. A quelques prévisibilités près (on met une pièce sur le fameux « ce héros légendaire est en fait très méchant ») et quelques rapides touches d'humour, cette histoire originale devrait s'éloigner du ton, a priori plus léger mais les fans me contrediront peut-être, du jeu vidéo. Bref, de la guerre, des mecha, une protagoniste balaise et charismatique et des seconds couteaux plus ou moins débiles : un potentiel de plaisir coupable, en somme.