Le guide des anime de l'hiver 2024

Metallic Rouge

Dans un monde où les humains se mêlent avec des androïdes appelés Neans, un groupe connu sous le nom des Neuf Immortels entre en révolte contre l'humanité. Chargées d'éliminer ces rebelles, Rouge Redstar (alias Metal Rouge), une fille Nean, et l'enquêtrice Naomi Orthmann se rendent sur Mars pour les traquer…

Metallic Rouge est diffusé sur Crunchyroll.

Guillaume Lasvigne
Note :

Il suffit de très exactement… cinq plans et dix-huit secondes, pour comprendre que Metallic Rouge ne fait pas vraiment partie du tout-venant de l'industrie. On y voit un oiseau, lâché dans les airs par un personnage féminin encore inconnu, voler dans les airs, surplombé par un vaisseau aérien. Sont donc mis directement en parallèle la nature organique d'un être de chair et celle, mécanique, d'une sorte d'avion futuriste. Une thématique claire se dégage de ce seul plan, probablement comme note d'intention d'une œuvre qui refusera toute simplicité puisque ledit oiseau se révèlera plus tard être de nature mécanique et contrôlé à distance ! « Qu'est-ce que la vraie nature d'une personne ? » se demandera plus tard Rouge, la protagoniste, avant de s'interroger sur ce qui distingue les Néans, les androïdes de cet univers cyberpunk, des humains.

Autant dire que pour fêter son 25^e anniversaire, le studio Bones a décidé de se montrer ambitieux avec Metallic Rouge, une création originale dont le pilote se déroule donc sur Mars. On pense inévitablement à Blade Runner, thématiquement ou par l'intermédiaire de certains cadres (même si les créateurs évoquent plutôt Star Trek comme influence majeure) et aux trois lois de la robotique d'Isaac Asimov, d'ailleurs littéralement citées par un personnage. Une manière de faire de ce monde un prolongement du nôtre (ou un hybride fictionnel poussant toujours plus loin le thème du récit), à l'image de Sarah Fitzgerald, personnage majeur de cette première livraison, chanteuse de son état (comme Ella Fitzgerald) grimée comme Sarah Bernhardt.
Et dieu sait qu'il faudra se contenter de ces quelques repères pour s'immerger dans cet univers ! Loin de vouloir faciliter la tâche au spectateur, Metallic Rouge se révèle avare en explications, démarrant même quasiment in medias res et faisant confiance à son public pour situer les enjeux de l'histoire. Une entrée en matière quelque peu aride, donc, mais tellement satisfaisante à l'aune du charme véhiculé par la réalisation de Motonobu Hori, un habitué de la planète rouge puisqu'il accompagnait Shinichirô Watanabe à la mise en scène de Carole & Tuesday. Accompagné de Yutaka Izubuchi au scénario (et crédité en tant que créateur de la série), Hori confère à la série une ambiance sous influence mais rythmée par une vraie science du découpage. La direction artistique de Takuya Ebisawa (Onigamiden) vaut en outre clairement le coup d'œil.

Bref, Metallic Rouge a d'ores et déjà tout pour plaire et s'annonce comme le haut du panier de cet hiver. Loin de rebuter par son apparent manque de clarté, l'anime assume ses ambitions d'un récit ample et complexe, en accord avec un thème central qui ne l'est pas moins. On espère simplement que l'émotion ne mettra pas trop de temps à pointer le bout de son nez, peut-être en parallèle des réponses aux interrogations de Rouge sur la nature humaine. Tout un programme !