Le guide des anime de l'automne 2022
Chainsaw Man

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Qu'est-ce que c'est ?

Denji est un adolescent qui vit avec son chien-démon-tronçonneuse, Pochita. À cause d'une énorme dette que son père a laissée derrière lui, le garçon se retrouve dans la misère la plus totale, cherchant avec Pochita à rembourser l'argent en récoltant des cadavres de démons pour le compte d'une organisation.
Un jour, Denji est trahi et tué. Encore conscient, il passe un contrat avec Pochita et renaît sous le nom de Chainsaw Man, un homme au cœur de démon…

Chainsaw Man est diffusé sur Crunchyroll le mardi à 18 h.


Comment était le premier épisode ?

Joan Lainé
Note :

Manga déjà culte de Tatsuki Fujimoto dont la première partie s'est achevée en 11 tomes, bénéficiant d'une publication dans le célèbre magazine Weekly Shonen Jump avant de reprendre pour son deuxième arc sur l'application Shonen Jump +, Chainsaw Man est une œuvre adulée dont l'adaptation en anime était très attendue. Celle-ci nous parvient enfin, et c'est le studio MAPPA qui s'y colle. Le studio mise gros sur son succès puisqu'il le produit directement, sans investisseur ni comité de production qui viendrait apporter une aide financière. En France, c'est Crunchyroll qui diffuse la série.

Chainsaw Man est réalisé par Ryû Nakayama, que l'on a pu voir sur des séries comme Black Clover ou Jujutsu Kaisen. Il occupe pour la première fois ce rôle de réalisateur et commence donc par un sacré morceau. Heureusement, il est entouré de pointures comme Hiroshi Seko (L'Attaque des Titans, Mob Psycho 100) au scénario, Yûsuke Takeda (Ghost in the ShellStand Alone Complex, Gundam Wing, Eden of the East) à la direction artistique ou encore le génial kensuke ushio (DEVILMAN crybaby, A Silent Voice) à la bande-son. Le design des personnages de Tatsuki Fujimoto est adapté pour l'animation par Kazutaka Sugiyama. On note également concernant le doublage que le rôle principal de Denji a été confié à Kikunosuke Toya, un acteur vocal débutant qui n'a jamais eu de grand rôle jusque-là. Un choix qui s'explique par la volonté de proposer un anime original, et que la voix de son protagoniste n'ait été entendue nulle part ailleurs.

On retrouve donc Denji, un jeune homme accompagné de Pochita, un démon ressemblant à un chien avec une tête de tronçonneuse. Depuis le suicide de son père, Denji vit dans une misère extrême puisqu'il a récupéré les dettes de ce dernier. Une situation qui le pousse notamment à combattre des démons à l'aide de Pochita pour le solde d'un mafieux qui profite clairement de lui. Denji rêve de sortir de la pauvreté et d'avoir une copine. Il ne demande pas grand-chose, juste de pouvoir mettre un peu de confiture sur son pain de mie.
C'est un point de départ intéressant car dans Chainsaw Man, l'histoire part d'une situation de pauvreté extrême, c'était d'ailleurs aussi le cas dans Fire Punch, la série précédente de Tatsuki Fujimoto. L'anime parle donc de condition humaine et l'objectif de Denji est animé par ses besoins primaires, c'est-à-dire manger et avoir une copine. Il ne rêve pas de devenir hokage ou seigneur des pirates, il aimerait juste avoir de la confiture. Chainsaw Man prend ainsi à contrepied les attentes des amateurs de shônen habitués aux rêves grandiloquents afin de montrer simplement un jeune homme qui veut juste mener une vie normale. Et évidemment, ça tourne mal.

Après une partie introspective, l'anime se décomplexe dans son ton et offre un impressionnant ballet sanglant lors duquel Denji et Pochita fusionnent pour donner naissance à Chainsaw Man. L'occasion de voir l'animation du studio MAPPA qui en met plein les mirettes. C'est du grand spectacle, aussi sanguinolent que jouissif. Cependant, l'anime est froid et impersonnel, loin du côté sale du manga. On ressent une volonté de trop bien faire et de caresser les fans dans le sens du poil. Malheureusement, cela s'accompagne par la perte de la spontanéité qui fait pourtant le charme du manga de Tatsuki Fujimoto.


Guillaume Lasvigne
Note :

On le sait, MAPPA mise très gros sur cette adaptation événementielle du phénomène Chainsaw Man. Parce qu'il adapte seul le manga de Tatsuki Fujimoto, le studio s'assure le contrôle total de sa production et a tout à perdre en cas de mauvaise réception du public. Qu'à cela ne tienne, ce premier épisode a tout d'une très belle promesse pour l'avenir et se voit déjà largement plébiscité si l'on en juge les réactions largement enthousiastes sur les réseaux sociaux.

Mais pour être tout à fait honnête, ce début en fanfare peut être nuancé. D'abord parce que sans surprise, les aspérités propres au style de Fujimoto n'ont pas d'équivalent dans cette adaptation. Souvent flatteuse, la direction artistique se montre plutôt propre au regard des quelques pages du manga transposées ici. Fatalement, le ressenti diffère mais cela ne veut pas dire que cette nouvelle proposition ne tient pas la route. Les quelques surcadrages, le simple fait de « couper » Denji via l'architecture ou de le laisser hors-champs agissent aisément comme extension symbolique d'un personnage partiellement en morceaux (il a dû vendre certaines parties de son corps pour diminuer ses dettes) avant de terminer littéralement comme tel.
Dans la première moitié de l'épisode, Ryû Nakayama montre tout son talent pour dépeindre le personnage sans s'appuyer sur les logorrhées de dialogues caractéristiques de l'industrie. Denji donne l'impression permanente de subir son environnement. Les décors, souvent superbes et signés du vétéran Yûsuke Takeda (The End of Evangelion, Sword Art Online), sont sublimés par une lumière souvent pesante, une photographie très contrastée nous faisant largement partager les errances du protagoniste. Les quelques vues subjectives (background animation en images de synthèse) et de séduisantes still frames renforcent cette sensation.

Avec son opening blindé de références – pour ne pas dire citations – cinématographiques, les deux premiers tiers de l'épisode aux accents introspectifs sont aussi probablement ses meilleurs moments. La suite ne démérite évidemment pas. Jonglant entre certaines jolies idées visuelles (un travelling arrière partant d'un souvenir contenu dans du sang coulant le long d'un bras en train de se recomposer) et d'autres moins bien gérées (les tentacules servant de « rails » pour la tronçonneuse, jouissif en soi mais plombées par une médiocre gestion de l'espace), la dernière partie de l'épisode voit surtout surgir la 3D et son opposition immédiate, toujours à son désavantage, avec ce qui a précédé. Certes, c'est aussi dans ces instants que Chainsaw Man va probablement construire sa réputation d'incontournable. Mais compte tenu des nombreux événements de la sorte à venir, on espère que le soin apporté à la production dans son ensemble ne contrastera pas d'autant plus avec les séquences en CGI.

Probablement pas de quoi ternir cette adaptation et la singularité de l'univers de Tatsumoto. Mais quand même.


EmmaNouba
Note :

Bienvenue dans l'univers hyper glauque de Chainsaw Man, revisité par le studio MAPPA. Adapter ce manga extrêmement sombre aux traits punks de Tatsuki Fujimoto était une gageure et seul un studio aussi talentueux que celui-ci pouvait s'en sortir. Pour cela, MAPPA a mis les petits plats dans les grands. Non seulement il se la joue solo (ce qui n'est pas fréquent) mais l'équipe qui se frotte à la vie déprimante de Denji est la crème de la crème.
Dès les scènes qui précèdent l'opening (excellent visuellement et musicalement), l'ambiance est posée, et elle est lourde à souhait. Le héros (plutôt l'antihéros), sorte de Rémi Sans Famille, fait le bilan de tous les bouts de son corps qu'il a vendu pour tenter de rembourser une petite partie de la dette héritée de son cher père. Ce dernier, dans sa grande mansuétude, a préféré se pendre face à son désastre financier. Le jour de l'enterrement, le gamin rencontre Pochita, un chien à tête de tronçonneuse. Comme il lui sauve la vie, la bestiole devient son meilleur allié et commence alors une existence miséreuse de tueur de monstres. Pris à la gorge par un mafieux tordu, le gars n'a pas d'autre destin que de bosser comme une bête.
Bref, avec Chainsaw Man, on est dans le récit de la misère du monde. La seule lumière d'espoir est dans l'amitié entre le gamin déjà brisé par l'existence et son chien tronçonneuse. Quand son patron l'embarque pour une énième mission et que cela tourne mal, attention, cela va saigner ! mes sensibles, passez votre chemin !

Quand on plonge dans l'adaptation réalisée par Ryū Nakayama (Barakamon), sous la supervision de Hiroshi Seko (Banana Fish, L'Attaque des Titans, Jujutsu Kaisen), on sait d'avance qu'il va falloir avoir le cœur bien accroché. C'est d'ailleurs intéressant de noter le cousinage avec Caiman, le personnage à tête de lézard de Dorohedoro, manga dont Hiroshi Seko a aussi signé l'adaptation animée. Le chara design signé Kazutaka Sugiyama (Mushoku Tensei: Jobless Reincarnation) est à la hauteur des espérances, même si le passage à l'anime perd le côté brouillon, rêche du dessin originel. Malgré tout on ne peut que saluer la performance, car ce type de manga n'est vraiment pas simple à adapter et l'esprit est conservé, l'ambiance lourde et la misère presque palpable des personnages sont parfaitement retranscrites, notamment dans la première partie lorsque le jeune homme discute avec son « animal » et rêve sur une vie que l'on pourrait qualifier juste de « normale ». Il ne demande rien d'extraordinaire juste de manger à sa faim et de combler sa misère affective et sociale. Un monde dans cet univers totalement déglingué. Quand le jeune homme découpé en morceaux par une bande de zombies (ses anciens patrons mafieux qui n'ont pas trouvé mieux que de s'allier avec un monstre qui hait les humains) va retrouver la vie grâce à Pochita qui lui offre son cœur, on a presque la larme à l'œil.

Ce premier épisode oscille entre le gore et le tendre, un bien étrange cocktail que l'on aime déguster et qui, espérons-le, va se corser au gré de cette première saison inratable.


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