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Pérou : les politiciens tentent de conquérir le cœur (et le vote) des otakus

posté à par Kim Morrissy
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Jeudi dernier, l'agence espagnole EFE, dédiée à l'actualité internationale, a proposé un portrait des politiciens péruviens Jorge Hugo Romero et Milagros Juárez pour leur stratégie pour le moins originale : se cosplayer en personnages d'anime pour conquérir son électorat.

Romero, qui est un membre du Parti Populaire Chrétien (PPC) du Pérou, est notamment connu pour apparaître vêtu de l'emblématique veste de l'Akatsuki (Naruto) – organisation qu'il a choisie car elle rassemble des « ninjas rebelles » qui se sont unifiés afin de renverser les forces corrompues à l'origine de guerres et destructions.

Il a ainsi confié à l'EFE avoir choisi son nindô (« voie du ninja ») onze ans plus tôt lorsqu'il a commencé à œuvrer en faveur du PPC. « Avant, je détestais la politique, jusqu'à ce que je ne réalise que si je n'intervenais pas, je laisserais les décisionnaires corrompus au pouvoir », se souvient-il. Comme d'autres jeunes gens, il comprend ce désintérêt pour la politique, et c'est pour cela qu'il a décidé de les atteindre par un biais auquel ils s'identifient : les anime.

Il explique qu'il souhaite créer « une alliance de shinobi » au travers du parlement Andin. S'il parvient à se faire élire, il a promis que tous les diplômes universitaires seraient valables dans les pays constituant « l'alliance », soit la Bolivie, la Colombie, l'Equateur, le Pérou et le Venezuela.

Une autre personnage du paysage politique – du Pérou cette fois, Milagros Juárez, candidate à l'Union pour le Pérou (Unión por el Perú, UPP), un parti nationaliste, a fait parler d'elle pour ses publications TikTok dans lesquelles elle apparaît cosplayée en Asuka (Evangelion), chantant le fameux thème de l'anime,< cite>A Cruel Angel's Thesis.

Elle prétend être agacée des « véritables » politiciens qui se vêtissent de costumes et cravates tout en participant à la corruption. « Ils se prétendent sérieux parce qu'ils portent des vêtements élégants, mais dès qu'il est question de pouvoir, ils volent et finissent par décevoir le peuple », livre-t-elle.

Juárez fait campagne en s'appuyant sur une proposition qui fait débat – celle de déporter les étrangers sans-emploi vivant dans le territoire qui ont commis des crimes.

« Nous n'avons pas patience en ceux qui continuent de commettre des crimes et qui piétinent notre sérénité d'esprit. J'adopte l'esthétique « otaku » parce que c'est comme ça que je communique mes idées, mais mes messages sont adressés à la classe ouvrière, aux mères célibataires, et aux jeunes », conclut-elle.

D'après Benjamin Edwards, directeur de la Peruvian Marketing Sociey, le phénomène reste malgré tout inhabituel en Amérique Latine, mais les politiciens qui font appel à ces techniques de communication sont innovants et courageux. « Les jeunes gens ne se moquent pas deux. Ils les croient », conclut-il.

Pamela Jiles, journaliste chilienne devenue législatrice, a fait la une des journaux l'année dernière pour avoir couru « façon Naruto » au congrès pour célébrer l'instauration des aides de soutien (COVID-19). Elle est membre de la coalition des partis de gauche Broad Front, qui a été fondée en 2017. Son amour pour l'animation est publiquement affichée sur ses réseaux sociaux, et elle est surnommée « l'Hokage du Chili ».

Source : EFE


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