Le guide des anime de l'automne 2022

Blue Lock

Après une défaite désastreuse à la Coupe du monde 2018, l'équipe de foot du Japon peine à se ressaisir. Que leur a-t-il manqué ? Peut-être un attaquant hors pair pouvant les guider vers la victoire. L'union japonaise de football s'acharne à trouver quelqu'un ayant faim de buts et soif de victoire, une personne à l'individualisme assumé capable de faire basculer un match qui a mal démarré. Pour cela, elle a rassemblé 300 des plus brillants jeunes joueurs du Japon. Qui émergera pour diriger l'équipe ? Sera-t-il capable de surpasser en force et en caractère tous ceux qui se dressent sur son chemin ?

Blue Lock est diffusé sur Crunchyroll le samedi à 20 h.

Guillaume Lasvigne
Note :

Quelques mois après sa diffusion en avant-première à Japan Expo, l'adaptation animée de Blue Lock débarque sur Crunchyroll. Avec elle, l'espoir de toute une armada de passionnés de foot désireux de retrouver les sensations du sport le plus populaire au monde, dans une vision s'appropriant les codes du battle royale. Car oui, le « Blue Lock » est une enceinte aux allures de prison dans laquelle 300 joueurs vont suivre un entraînement visant à devenir le meilleur buteur au monde. Une succession d'épreuves mènera à une série d'éliminations et au final, les cinq meilleurs gagneront le droit de participer à la coupe du monde des moins de 20 ans. Histoire d'amener un minimum d'enjeu à l'absurdité de ce postulat, tous les joueurs éliminés ne pourront plus jamais intégrer l'équipe nationale.

Derrière un pitch nous éloignant enfin de considérations thématiques archi rebattues, se joue un décalage bienvenu qui irradie à la fois le scénario et la mise en scène. La séquence inaugurale est une jolie note d'intention : devant les buts, le protagoniste Yôichi Isagi refuse de tirer et choisit de passer le ballon à un coéquipier sur la seule base du Saint collectif, énonçant même cette illustre lapalissade selon laquelle le football se joue à onze. Ledit coéquipier tire sur le poteau, menant finalement à la défaite de son équipe. A grands coups de chara-design racé (festival de trognes plus ou moins charismatiques mais qui ne laissent pas indifférent), de théâtralisation improbable ou de mise en scène du football spectaculaire, Blue Lock s'offre une vraie personnalité et une certaine subversion allant à l'encontre de la naïveté qui caractérise les divers représentants du genre. En se la jouant battle royale, l'anime fait en sorte que l'individualisme l'emporte sur toute autre considération et surprend le spectateur à travers de la violence physique et certains rebondissements que l'on espère ne pas voir désamorcés dès l'épisode suivant. Il s'agit là de la grande spécialité d'une industrie refusant de malmener la bienséance et, surtout, ses spectateurs.

Pour qui apprécie les joies du ballon rond et ne connaît pas le manga de Yûsuke Nomura et Muneyuki Kaneshiro, c'est en tout cas la promesse d'un peu d'audace dans le propos et d'un minimum d'inventivité dans la mise en scène toujours assez fade des séries de foot. On prend fort au sérieux le studio 8-Bit (Moi, quand je me réincarne en Slime) et l'équipe menée par le réalisateur Tetsuaki Watanabe pour nous offrir une potentielle nouvelle référence en la matière. La popularité du matériau d'origine et l'arrivée prochaine de la coupe du monde devraient en tout cas porter cette adaptation qui semble tout avoir pour se faire un nom. Ironiquement et compte tenu de la réputation de grandes stars mondiale du football, c'est en tout cas un anime qui a tout pour se faire le reflet (volontaire et réflexif ?) de son époque.

EmmaNouba
Note :

Apprécier Blue Lock sans aimer le football ? C'est la gageure que réussit le manga ainsi que son adaptation en anime ! C'est même quasiment un miracle quand, comme votre serviteur, vous êtes allergique à ce sport, mais surtout à tout ce qui y a trait. Et pourtant c'est avec un grand plaisir que l'on plonge dans cette battle royale version ballon rond.

Tout commence bien mal pour Isagi Yoichi, attaquant de l'équipe du lycée Ichinan. Alors qu'il aurait pu décrocher la coupe interlycées du département de Saitama, il hésite et fait la passe à un de ses coéquipiers, Tada, qui rate le but. S'en est fini de ses espoirs. Le jeune homme va devoir comprendre qu'être attaquant demande de l'égoïsme et ce n'est pas dans sa nature. Mais pour lui, le football se joue à onze. Il est dégoûté, un sentiment dont son père et sa mère se fichent totalement. Tous deux sont hermétiques à son sport, voire en rigolent. Quand il reçoit une convocation pour un entraînement spécifique, il n'hésite pas une seconde. Il n'est pas le seul puisque les 300 meilleurs attaquants espoirs de moins de 18 ans ont décroché ce graal.
Organisée par Ego Jinpachi, un bien curieux personnage, cette réunion vise à trouver le meilleur attaquant afin de former une équipe digne d'aider le Japon à gagner la coupe du monde. Un sacré challenge et pour cela, il va leur imposer des épreuves bien loin des règles du football. Il lance une expérience : tous vont vivre dans ce centre d'entraînement, le Blue Lock. Ceux qui ne veulent pas y participer peuvent partir mais jamais ils n'auront le droit de jouer en équipe nationale. L'homme a une définition totalement personnelle du foot. Pour lui, c'est juste un jeu où l'on doit marquer le plus de buts. Il se moque de l'esprit d'équipe et de tout ce qu'il considère comme des fadaises. Pour trouver le meilleur, il est prêt à les mettre dans des situations totalement inédites. Parmi les 200 participants, un seul peut gagner et le meilleur sera celui qui ne pense qu'à lui.
Après ce qu'il vient de vivre, Isagi a bien l'intention de se rattraper et cette manière de penser le perturbe, mais il est le premier à se lancer dans cette bien étrange aventure. Une fois arrivé au Blue Lock, il intègre le groupe Z composé de compagnons de jeu mais aussi ses rivaux. Les cinq premiers qui passeront toutes les épreuves pourront jouer dans l'équipe nationale de moins de 20 ans. Tout perdant sera éliminé de la scène nationale à jamais. Un numéro les définit et il peut évoluer selon les entraînements. Isagi part de loin puisqu'il pointe à la 299^e place ! La bataille est lancée et elle commence par un jeu de loup, sans les mains. Le perdant sortira du programme.

Saluons la réalisation de Tetsuaki Watanabe, et le chara-design de Kenji Tanabe et Kento Toya qui respecte parfaitement l'œuvre originelle écrite par Muneyuki Kaneshiro et dessinée par Yūsuke Nomura, le tout sous la supervision efficace de Taku Kishimoto, qui s'est déjà illustré dans celle de Haikyu!!. Cette production sort en même temps que la Coupe du monde, à croire que ce serait fait exprès. Les rois du marketing ont encore frappé !