Le guide des anime du printemps 2023
Hell's Paradise

par Guillaume Lasvigne,
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Hell's Paradise ?
Note de la communauté : 4.3



L'histoire

La période Edo touche à sa fin. Gabimaru, alias Le Néant, le plus célèbre et puissant des ninjas-assassins d'Iwagakure, croupit en prison et attend sa condamnation à mort. Il apprend pourtant qu'il sera acquitté et libéré s'il peut rapporter un élixir d'immortalité situé sur une île. Dans l'espoir de retrouver sa bien-aimée, Gabimaru s'y rend avec son bourreau, Yamada Asaemon Sagiri. À leur arrivée, ils rencontrent d'autres condamnés à mort recherchant également l'élixir, ainsi qu'une foule de créatures inconnues…

Hell's Paradise est diffusé sur Crunchyroll le samedi à 17 h 30.


Comment était le premier épisode ?

Guillaume Lasvigne
Note :

Il y a peut-être dans Hell's Paradise cette idée de s'éloigner de certains acquis de la fiction pour mieux dérouter le spectateur. Ainsi, ce premier épisode débute par une petite synthèse sur l'art de la décapitation : tandis que de Kurosawa à Tarantino, nombreux furent les coups d'épée à couper dans le vif, il nous est expliqué ici qu'au contraire, la nuque est extrêmement robuste et qu'elle nécessite plusieurs coups d'épée pour être tranchée. Pourrait-il s'agir de la note d'intention de cette adaptation du manga éponyme de Yûji Kaku ? Peut-être, peut-être pas, mais il faut avouer que la démarche serait séduisante. Il faudra patienter pour en avoir le cœur net.

Côté mise en scène en revanche, le doute reste permis. Car si l'opening, très généreux, a tendance à nous vendre un anime relativement baroque, cette entrée en matière reste relativement sage, préfère l'ambiance à l'exubérance. Nous parlions de tentative de décapitation, celle-ci reste hors-champ, de même qu'une « technique de ninja » à base de feu sera purement et simplement zappée par une ellipse. Un parti-pris impactant sur le moment, en espérant que cela ne soit en réalité pas un cache-misère destiné à être réemployé sur le long terme.
Car manifestement, Hell's Paradise devrait bien porter son nom et faire de la violence un pan important de son scénario. Ce premier épisode prend toutefois le contrepied de ces attentes de manière assez ironique : le protagoniste, immortel, subit toute une série de tortures visibles à l'écran sans que jamais celles-ci ne parviennent à le tuer, ou à tout le moins l'égratigner. Ecartèlement, immolation, décapitation, ébouillantage à l'huile, tout y passe, jusqu'à ce que la représentante d'une lignée de samouraïs déchus ne parvienne à faire couler le sang sur son corps, lui dont le surnom « Gabimaru le vide » semblait le destiner à incarner un immortel annihilant toute menace sur sa mort prochaine. La série semble donc promise à surfer sur cette ambiguïté d'un personnage qui défie la mort, mais peut-être pas tant que ça au final. Là aussi, on peut espérer que cela ne tienne pas de la grosse ficelle narrative à exploiter selon les envies.

Au final, Hell's Paradise semble pouvoir tenir la route sur le plan du divertissement. Malgré des réserves légitimes sur un postulat ayant un minimum de potentiel, il faut aussi rappeler qu'il s'agit d'une production du studio MAPPA, que l'on ne présente plus. Notez toutefois que l'équipe créative est relativement inexpérimentée. Du réalisateur Kaori Makita à Ryôta Arima à la direction de l'animation, en passant par le scénariste Akira Kindaichi, les chefs de poste ne comptent pas parmi les poids lourds de l'industrie.
Reste donc à voir ce que donnera la série sur la durée, elle qui manque pour l'heure de personnalité jusque dans la musique de Yoshiaki Dewa, rappelant parfois les compositions de Hiroyukia Sawano. Après, c'est clair, quitte à piocher un peu partout, autant le faire chez les plus grands.


EmmaNouba
Note :

Si l'on avait voulu nous persuader que Gabimaru est bien immortel, voire incassable, incoupable, et même résistant au feu, l'idée d'un catalogue de tortures prenant le jeune homme comme cobaye est scénaristiquement bien trouvée et exploitée. Le condamné, un ninja du clan Iwagakure, est à l'instar de son chef doté de ce don qu'il vit telle une malédiction. Et pourtant la mort, il l'attend, l'appelle, mais quand elle se présente, instinctivement, il lui résiste.

Dans ce premier épisode, une jeune femme, inspectrice chargée de rédiger les nombreux procès verbaux de ses exécutions ratées, interroge l'homme surnommé Gabimaru, le vide, présenté comme sans sentiments et privé de cœur. Petit à petit, il lui raconte sa vie d'orphelin de l'ère Edo, dont les parents furent tués par l'homme qui l'élèvera. Il lui donnera sa fille en mariage, et c'est en voulant quitter le clan et arrêter de tuer qu'il a été banni et ensuite arrêté. S'il a repris sa vie de machine de guerre et n'a plus rien à perdre, il va découvrir qu'il lui reste encore une raison de vivre. Et elle prendra l'apparence d'une jeune ex-samouraï, devenue bourreau du shogun. Le contrat est simple : il est volontaire pour une mission dans une île, dite Le Paradis, où se trouverait l'élixir de vie. Tous ceux qui s'y sont risqués sont, quand ils sont revenus, tombés dans une sorte de catatonie et là où des bestioles les ont piqués ont éclos de grandes fleurs. En rapportant cet élixir au shogun, Gabimaru sera blanchi et libéré. Si la mort ne lui fait plus peur, être libre le motive fortement. Il comprend que c'est le seul moyen de retrouver son grand amour. Un début d'équipe va se créer. Un tueur et son bourreau.

Après Jujutsu Kaisen et Chainsaw Man, vous reprendrez bien un anime concocté par MAPPA ? Avec Hell's Paradise, le studio propose un nouveau personnage torturé, attachant, totalement traumatisé et une équipe qui « gagne ». Un bon shônen, qui vire vite en seinen, vu les hectolitres de sang versés.
L'adaptation du manga éponyme de Yûji Kaku (13 volumes, édité chez Crunchyroll Kaze) est signée par Kaori Makita et même si c'est sa première réalisation de série (il s'est notamment fait la main sur quelques épisodes de L'Attaque des Titans), le ton est donné. Hell's Paradise a le don de prendre son temps, de mettre des pauses, grâce à une écriture bien maîtrisée. Le script a été confié à Akira Kindachi (to the abandoned Sacred Beasts), le chara-design proposé par Akitsugu Hisagi rappelle parfois celui de L'Attaque des Titans, surtout dans les représentations des monstres.
Saluons aussi comme il se doit pour tout anime MAPPA, un opening efficace, cette fois grâce à la BO de Daiki Tsuneta. Rarement une liste de collaborateurs est aussi fournie dans le staff animation, et cela le vaut bien. Celle-ci est agréable, les combats sont fluides, les personnages attachants, bref on a envie de prendre la route avec eux, même si cette fameuse île n'a pas l'air paradisiaque. Malgré son aspect attirant, elle est bourrée de dangers, entre les bestioles, les géants et les autres concurrents.


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