Temps forts

La character designer de JoJo's Bizarre Adventure exprime sa déception par rapport à l'industrie de l'animation

Alors que les Internet semblent bouleversés par le cas de l'employé du Studio Madhouse, poussé au malaise suite à une overdose de travail, les membres de l'industrie de l'animation échangent beaucoup sur leurs conditions de travail via les réseaux sociaux. Terumi Nishii, qui signe le design des personnages de JoJo's Bizarre Adventure: Diamond Is Unbreakable et de Knights of the Zodiac: Saint Seiya, a partagé ses pensées en anglais, lundi, sur Twitter, allant même jusqu'à tenter de dissuader quiconque voudrait rejoindre le milieu de l'animation à cause des conditions de travail qu'elle juge déplorables.

Nishii écrit qu'elle est « déçue » par l'industrie et ajoute que pour les character designer, il n'y a aucun royalties ni revenus supplémentaires une fois le design initial fourni. Elle attribue ceci à la culture japonaise, et invite les animateurs japonais à se pencher sur les conditions de travail à l'étranger ;

Elle ajoute que beaucoup d'animateurs comptent encore sur l'aide de leurs parents pour boucler les fins de mois.

L'organisme à but non lucratif AEYAC a dévoilé les résultats d'un sondage en 2017 dans lequel plus de la moitié des animateurs interrogés avouaient recevoir de l'aide de la part de leur famille pour compléter leurs revenus, quand bien même ils ne vivent plus chez leurs parents. L'âge moyen des interrogés était de 23 ans et ils avaient tous en moyenne un an et demi d'expérience. Certains d'entre eux ont même révélé être endettés à cause de leurs études.

Le premier salaire de Nishii était d'environ 23 €. Après avoir travaillé un an, ses gains sont passés d'environ 477 à 794 euros par mois.

« Le salaire minimum à Tokyo est d'environ 8 € par heure, mais on ne touche jamais autant. Beaucoup doivent demander de l'aire à leurs parents. » Elle dénonce l'idéologie selon laquelle, parce qu'on aime son travail, on ne devrait pas se plaindre des faibles taux salariaux.

Les animateurs au Japon sont généralement en freelance, ils travaillent durant de longues heures, et sont éreintés par le prix de l'immobilier et le coût de la vie. Un animateur salarié chez Xebex a posté son bulletin de paie, qui s'éleve à la modeste somme de 1043 € (environ), agrémenté de 42 € de frais de déplacement. Notons que 32 € environ lui sont retirés pour les taxes. Son temps de travail ? « Autant que tu peux en faire en 24h ». Il devait rendre à la fin du mois une carte de pointage remplie à la main pour faire le point sur ses heures ouvrées.

Le designer Yann Le Gall (FLCL Progressive, No Game, No Life) a conseillé à ceux voulant entrer dans le milieu de l'animation de considérer le “background art work” (travail sur les fonds dans les anime). Il a déclaré que la paie y était plus intéressante et les deadlines plus longues.

JAniCA a relevé que les jeunes dans le milieu se heurtaient à des conditions de travail de plus en plus difficiles alors que, paradoxalement, la situation pour les anciens tendait à s'améliorer. Les jeunes en 20 et 24 ans continuent d'être sous-payés. En termes de chiffres, cette tranche d'âge dans l'animation gagne à l'année 1 377 469 €, soit 888 850 € de moins que la moyenne, si l'on en croit les données de l'agence fiscale nationale.

Toshiyuki Inoue, ancien animateur, a conseillé aux jeunes animateurs, le mois dernier, de négocier leur salaire. Il semble penser qu'aucun changement ne sera tout seul et qu'il faut qu'il soit initié depuis les différents secteurs de l'animation. Si les données de JAniCA sont largement partagées, notamment par des voix importantes de l'industrie, les choses sont susceptibles de bouger. Inoue espère que si ces voix peuvent atteinte la commission du commerce équitable et le Bureau des Petites et Moyennes Entreprises, alors tout pourrait prendre une autre tournure.

Source : Twitter de Terumi Nishii