Le guide des anime de l'automne 2022

Bocchi the Rock!

Hitori "Bocchi-chan" (la petite solitaire) Goto est une lycéenne introvertie qui ne vit que pour sa guitare. Chaque jour, elle ne fait rien d'autre que de gratter son instrument, toute seule à la maison. Cependant, sa vie change lorsqu'elle rencontre un jour Nijika Ijichi qui cherche une guitariste pour son groupe appelé "Kessoku Band".

Bocchi the Rock! est diffusé sur Crunchyroll le samedi à 18 h 30.

Guillaume Lasvigne
Note :

Adaptation du yonkoma éponyme de Hamaji Aki, Bocchi the Rock! se fait l'énième itération de ces récits mettant en scène un protagoniste solitaire, pour ne pas dire carrément asocial. Naturellement, c'est à travers la musique que Bocchi (Hitori est surnommée comme telle, « solitaire » en japonais) devrait parvenir à s'ouvrir au monde, ou à tout le moins de s'y accommoder un tant soit peu. A l'aune de ce seul premier épisode en tout cas, difficile de voir dans l'anime une proposition qui chamboulerait nos certitudes. Pour autant, il y a dans cette série réalisée par Keîchirô Satô (ACCA: 13-ku Kansatsu-ka – Regards) un charme certain qui lui confère un joli potentiel.

Déjà, le caractère asocial de Bocchi n'est pas une posture narrative ou un prétexte : bien que peu surprenante voire doucement banale, la mise en scène (et ses grands angles) caractérise bien la jeune fille comme une ostracisée volontaire, et cette particularité infusera chaque minute du pilote. Et tous les introvertis que nous sommes ou avons été se reconnaîtront sans mal dans le personnage : préférer rentrer chez soi plutôt que de faire partie d'un club, ne pas regarder les gens dans les yeux ou préférer côtoyer la prof que ses camarades, autant d'éléments qui contribuent à une identification certes facile mais imparable.

Bien sûr, cela en fait une mécanique humoristique évidente mais que le scénario parvient à contourner. Croyez-le ou non, Bocchi the Rock! est un anime plutôt drôle. Qu'il joue sur des gags doux-amers (l'ado qui chante sa solitude – et comble une ellipse – avec beaucoup d'autodérision) ou s'appuie sur des vannes connues mais dont on ne se lassera jamais (le faux générique de fin), il se construit entièrement sur la personnalité de Hitori et n'hésite pas à aller toujours plus loin dans son exploitation. Pas de quoi soutenir la comparaison avec un Detroit Metal City autrement plus déviant et jusqu'au-boutiste, bien évidemment, mais sachez qu'il n'est pas interdit d'y songer vaguement une ou deux fois. Et rien que pour cette idée absurde de faire jouer Hitori dissimulée dans un carton le temps de tout un concert, on imagine déjà que ce ne sera pas les idées qui manqueront.

Dans le registre Cute Girls Doing Cute Things, Bocchi the Rock! montre par ailleurs plus d'intérêt dans l'immédiat qu'un Do It Yourself!!, dont nous vous parlions récemment. Et même si elle a moins d'impact visuel que cette dernière, la série n'en a pas moins quelques solides arguments à faire valoir en la matière. Le character-design de Kiyoki Rikuta (directeur de l'animation sur certains des meilleurs épisodes de Wonder Egg Priority, excusez du peu) est assurément l'un de ceux-là. La personnalité de Hitori ressort de chaque frame et se voit joliment exploitée par l'animation.
Bref, Bocchi the Rock! sera peut-être l'un de ces coups de cœur inattendus de la saison. Nous y reviendrons très vite.

Damien Hilaire
Note :

La dernière fois qu'un yonkoma musical de Cute Girl Doing Cute Things a été adapté en anime, ça a donné K-ON! et on n'a pas regretté une seule seconde la proposition de Kyoto Animation.
Bocchi the Rock! est de la même mouture. Partez d'un yonkoma, des gags en quatre cases, et développez une vraie série d'animation entre les planches. Cette fois c'est le studio CloverWorks qui s'y colle avec la renommée qu'il a acquise depuis. La série est signée par Keiichirô Saitô qui n'en a jamais réalisé jusqu'alors, sur un travail d'adaptation d'Erika Yoshida, scénariste du particulier ArtisWitch qui touche un peu au domaine de la musique également. Puisque c'est une série sur le rock, il va quand même falloir que le travail du son et des OST collent et accrochent le spectateur, tout en gardant l'aspect comédie du titre qui reste quand même le cœur de l'œuvre. Pour ça ils ont choisi Tomoki Kikuya, compositeur sur la saga Hidamari Sketch, elle aussi adaptée de manga yonkoma entre 2007 et 2013. Il a aussi bossé sur Nisekoi, Eromanga Sensei et Girlish Number mais c'est moins pertinent à rappeler, par contre si vous vous souvenez de Blend S, c'était lui aussi.

Bocchi the Rock! c'est l'histoire d'une rockeuse dans l'âme qui défonce tout à la gratte, a même une petite réput' sur YouTube où elle poste ses reprises de morceaux célèbres mais est incapable de sociabiliser. C'est un véritable handicap alors qu'elle a le talent, elle n'a toujours pas de groupe et elle s'enferme dans son placard pour pincer les cordes sans gêner le voisinage.
À deux doigts de la transformation en hikikomori, elle est abordée en pleine rue alors qu'elle avait ramené sa guitare électrique en cours dans l'espoir qu'on lui adresse la parole. La jeune fille qui l'a accostée a son âge et cherche désespérément une guitariste pour remplacer la démissionnaire de son groupe. Le concert est dans quelques heures, pas le temps de chipoter, on prend la première qui passe tant pis si elle a l'air bizarre, ça fera l'affaire.
Et c'est ainsi que notre jeune héroïne va trouver un groupe prêt à l'accepter si elle réussit à dépasser ses angoisses et phobies sociales.

Premier épisode excellent. C'est aussi bien animé que c'est drôle, ça s'articule bien, les personnages sont marquants, y a un aspect comique qui fonctionne de manière assez universelle et surtout c'est beau. Vraiment la réalisation est impeccable, ça bouge tout le temps, y'a pas un plan moche, la chara-animation est propre mais ça serait oublier qu'on est dans une série musicale. Alors il faut savoir animer les mains et les doigts quand ça joue des instruments. Là-dessus, plutôt que de tenter l'exploit du concert de Haruhi Suzumiya, ils éludent la séquence pour montrer l'after et ça fonctionne, mais cette pirouette ne peut pas se faire à chaque fois. La musique est d'ailleurs très accrocheuse et heureusement, même si pour l'instant nous n'avons pas d'insert song à croquer, juste de l'OST à se mettre sous la dent. Ça changera sans doute !
Bocchi the Rock! c'est peut-être bien le K-ON! de cette décennie, on ne lui souhaite que ça.