Le guide des anime de l'automne 2022

Exception

Dans un avenir lointain, l'humanité a été contrainte de fuir la Terre pour s'installer sur une autre galaxie. Une équipe d'éclaireurs est envoyée pour trouver une planète adaptée à la terraformation. L'équipage a été créé par impression 3D, mais en raison d'une erreur système, l'un de ses membres, Lewis, est ressorti déformé. Et tandis qu'il s'en prend à ses collègues Nina, Mack, Patty et Oscar, un compte à rebours annonçant la fin de la mission est lancé dans les ténèbres du vaisseau.

Exception est diffusé sur Netflix.

EmmaNouba
Note :

Quand s'ouvre le premier épisode d'Exception, la belle Nina, que l'on découvrira rapidement comme le médecin de la bande, vient d'être imprimée. Après son check-up, elle se constate humaine, elle a récupéré sa mémoire et est prête à l'emploi.
Dans ce récit de science-fiction aux accents d'Alien, les humains originels sont en sommeil dans un vaisseau et leurs copies numériques ont été envoyées à l'autre bout de la galaxie dans un vaisseau aux allures organiques afin de préparer la planète C-10 à une future colonisation. La docteure est rapidement rejointe par trois autres acolytes, dont une biologiste spécialisée dans les végétaux et la vie animale. Entre des décors somptueux modulables selon leurs désirs et des mets exquis, la vie qu'ils viennent d'acquérir est parfaite. Ils n'attendent plus qu'une chose avant de se mettre au travail : l'impression de leur dernier camarade.
Quand le vaisseau affronte un souci technique, une perturbation, l'impression ne se passe pas tout à fait comme prévue et vire même au cauchemar. A l'instar de la mouche qui vient perturber l'expérience dans le film de Cronenberg, l'homme qui sort ici du processus tient plus du monstre que leur camarade Travis. Se pose alors la question de sa survie. Doivent-ils le tuer afin de le réimprimer ? Mais cela ne va pas s'avérer aussi simple. L'instinct de survie de la bestiole et les hésitations de ses compagnons à l'éliminer vont mettre en péril l'expédition, mais aussi le futur des colons qui doivent les rejoindre dans une centaine d'années…

Si rien n'est très nouveau en termes de science-fiction, l'idée des copies imprimées est séduisante, grâce notamment à la patte de Yoshitaka Amano (celui de la saga Final Fantasy) qui signe les chara-design, le tout sur une 3D bluffante. La production s'est offerte des talents incroyables, notamment le créateur de la BO qui n'est autre que l'immense Ryuichi Sakamoto (Le Dernier Empereur, Appleseed). Au scénario, on retrouve Otsu-ichi, auteur de romans d'horreur, à qui l'on doit notamment Goth, le coupeur de mains, adapté en manga par Kenji Oiwa. Le tout est réalisé par Yuuzou Satou (qui a notamment travaillé sur plusieurs épisodes de Psycho-Pass 2) et Makoto Honda (du Studio 5 Inc.,) un spécialiste de la CGI.
Exception est une série quelque peu déroutante par sa lenteur mais d'une réelle beauté. Le design du vaisseau est tout bonnement époustouflant, un grand bravo pour le lead modeler Li Ju Chen et son équipe. Peu à peu, l'action s'accélère et vire au cauchemar avec ce monstre qui rôde. Pour les amateurs de VF, saluons le choix des comédiens que ce soit Arnaud Laurent (Toge dans Jujutsu Kaisen), Garance Thénault (Crystal dans Carole and Tuesday), Valérie Bescht (Milly de SPY x FAMILY) et Namakan Koné (voix française régulière de l'acteur américain Chadwick Boseman) pour ce premier épisode très alléchant. Espérons que le récit nous offrira quelque surprise et non une redite d'un Alien version animée. A suivre !

Damien Hilaire
Note :

La dernière fois que Yoshitaka Amano a bossé sur une production anime qui se construisait autour de son prestigieux nom, c'était la catastrophe industrielle nommée Gibiate. Donc quand une production du même acabit, prévue pour Netflix, toute en CGI, promet un peu la même mouture, il y a de quoi avoir le poil qui se hérisse. Néanmoins et contre toute attente, Exception porte très bien son nom. Car la série est animée entre trois studios dont l'un est plutôt inconnu au bataillon (5 Inc., un studio Taïwanais). Les deux autres sont liés à Tatsunoko Production, une boîte presque aussi ancienne que Toei qui a fait les beaux jours de la télévision en proposant des programmes originaux qu'ils n'ont pas hésité à réinventer avec succès ou non, à travers chaque nouvelle décennie.
Ils ont déjà de la bouteille en matière de CGI et c'est justement Yûzô Satô, le réalisateur de la dernière série CGI du studio, Muteking the Dancing Hero, qui est derrière Exception. Il n'est toutefois pas seul puisqu'il coréalise la série avec Makoto Honda de 5 Inc., futur réalisateur de Make My Day, également sur Netflix. L'histoire est écrite par Otsu-ichi, un romancier polar horreur qui va ici distiller son style dans un enrobage de science-fiction plutôt aguicheur qu'on connaît en France pour l'adaptation manga de son livre Goth, mais aussi pour Rendez-vous dans le noir publié par les éditions Picquier. L'auteur n'en a d'ailleurs pas fini avec Netflix puisque l'an prochain doit sortir My Daemon, un autre anime dans un genre différent dont il a également écrit l'histoire.

Nina vient de se réveiller. Elle vérifie que tout est ok et qu'elle est en bonne santé, prête à effectuer sa mission de terraformation de la planète X-10 avec un groupe de scientifiques dont elle fait partie. Seulement Nina et ses compagnons ne sont pas des êtres humains tels qu'on les connaît, ils sont des impressions 3D de corps existants dont les souvenirs et personnalités ont été copiés afin d'être envoyés dans le subespace comme avant-garde.
Pendant ce temps, leurs corps originaux sont des années-lumière derrière eux à attendre en sommeil cryogénique que leur double, chacun spécialisé en un domaine essentiel, rende la future planète de l'humanité viable.
Tandis que Nina voit ses amis se faire imprimer les uns après les autres et qu'ils attendent l'arrivée du dernier Lewis, le vaisseau est pris dans une éruption solaire qui envoie une IEM à travers les systèmes de leur vaisseau et dérègle leurs appareils. Le temps que l'électricité revienne, tout ou presque est revenu à la normale et chacun doit vérifier que le vaisseau va bien. C'est alors que Nina va vérifier l'impression de Lewis et découvrir que tout ne s'est pas passé comme prévu.

Si au début on ne voit pas trop d'où l'horreur peut venir, très vite le groupe isolé sur un vaisseau au milieu de l'espace où personne ne vous entend crier est poursuivi par une créature tueuse. Ca a de quoi rappeler plusieurs choses. Évidemment il y a Alien, mais il y a aussi Frankenstein avec cette créature qui n'a pas demandé à exister, qu'on cherche à envoyer ad patres et qui se retourne contre ses créateurs en semant la mort.
Techniquement la CGI est plutôt propre, la plastique peut dérouter mais l'utilisation des morphings et liquides finissent par donner une pâte propre au titre. Sans parler du design général avec ce vaisseau en forme de poisson tout droit sorti de Darius, le style d'Amano s'insère bien dans le tout et c'est étonnant que ça fonctionne si bien, ça pourrait être du Kawajiri de la vieille époque ! Même si on misait pas un kopek dessus, Exception, c'est vraiment bon.