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Yoshiyuki Tomino : « le Japon n'est plus leader de l'animation »

posté à par Kim Morrissy
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Le site d'informations Real Economy, base à Hokkaido, a révélé lundi que Yoshiyuki Tomino, le créateur de Gundam, s'était exprimé à l'occasion de l'exposition « World of Yoshiyuki Tomino », qui se tient depuis le 17 octobre (et jusqu'au 23 janvier) au Musée Moderne d'Arts d'Hokkaido. Il est notamment revenu sur les créateurs originaires de Hokkaido avec lesquels il a travaillé, tels que Yoshikazu Yasuhiko (Mobile Suit Gundam), Tomonori Kogawa (Space Runaway Ideon), et Akira Yasuda (Turn A Gundam). S'il n'a pas tari d'éloges à leur égard, il a toutefois mentionné un sujet beaucoup plus préoccupant concernant l'environnement créatif du Japon, formulant même une mise en garde : « Le Japon n'est plus le leader de l'animation. »

« Avec l'évolution des techniques digitales, j'ai l'impression que la position de l'industrie de l'animation va devenir précaire », pointant du doigt notamment les clips de musique comme parfait exemple de ces technologies en évolution. « En tant que membre de l'industrie de l'animation, je suis excédé de voir qu'ils sont désormais capables de tant de choses – y compris de faire de l'animation. Mais cela montre aussi comment, à l'aide de l'animation digitale, même une simple personne peut créer un rendu tout à fait satisfaisant. La question que l'on doit se poser est « comme la production d'anime au Japon, qui porte sur des séries et œuvres animées par un scénario, considèrent ces évolutions ? »

Il explique percevoir une certaine indifférence de la part de Sunrise au regard de ces innovations, et il pense que le studio – et lui-même – ont pour responsabilité de chercher de manière proactive de nouveaux talents. Toutefois, sur un plan fondamental, il espère que le flux de travail peut évoluer à un degré tel que l'opinion d'anciens de l'industrie, tel que lui, ne seront plus nécessaires pour faire avancer les choses. Il espère également que la génération digitale puisse embrasser l'environnement du travail en équipe propre aux studios afin de créer des choses qui iront au-delà du projet personnel, et seront considérées comme du « divertissement ouvert » par le public.

Tomino a ensuite mis en évident les développements rapides de l'animation à Beijing expliquant qu'ils « produisent des œuvres de divertissement commercial très soignées ». Les passionnés d'anime qui ont suivi ces cours à l'Université de Beijing il y a 10 ans sont aujourd'hui des professionnels de l'industrie en Chine. « Ce qui est effrayant c'est que même les intellectuels des universités de renoms, l'Université de Beijing par exemple, ont mis un pied dans l'industrie des anime ».

Il va plus loin en expliquant que le gouvernement chinois soutient son industrie domestique de l'animation avec ferveur – notamment dans le cadre de sa politique. En comparaison, les politiciens japonais se comportent comme s'ils étaient « bloqués 30 ou 40 ans dans le passé ».

« Il y a un risque que si le Japon continue de faire des anime en se concentrant uniquement sur l'angle commercial, nous allons totalement perdre face aux créateurs de Beijing », met-il en garde. « Mais je n'ai pas l'intention de jeter la pierre à ceux qui ont assisté à mes conférences. Toutefois, je veux que vous preniez tous conscience de cette réalité : le Japon n'est plus leader de l'animation. Et pourtant, les médias et le monde des affaires n'en ont pas conscience. »

Tomi a créé et réalisé Mobile Suit Gundam en 1979. Il a fait ses débuts chez Mushi Production (Osamu Tezuka) où il a travaillé sur Astro Boy.

Il a depuis réalisé plusieurs titres, parmi lesquels Zeta Gundam, Gundam ZZ, Char's Counterattack, Gundam F91, Victory Gundam, Turn A Gundam, Muteki Kōjin Daitarn 3, Space Runaway Ideon, Aura Battler Dunbine et Gundam: Reconguista in G.

Sources : Real Economy via Otaku USA


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